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Les auteurs de fiction (2)
--> Jamais je ne désarme, jamais je ne recule.

Je suis en train de discuter avec mon pote Flix qui est physionomiste dans cette boîte hype (1). Dans le petit local attenant à l'entrée on regarde vaguement les gens attendre, en buvant du raide aux frais de la princesse. On fait des commentaires sur les jupes et le maquillage des filles, et sur le look et l'air gland des mecs (2). La bouteille commence à accuser le coup, et j'oserais dire que je l'accompagne tranquillement, mais faut encore tenir le coup vu que Flix est une espèce de dur-à-cuire capable de se descendre sans moufter trois bouteilles de cachaça de suite, et de se terminer à l'eau de vie maison en avalant le serpent en bonus (3). Donc, je commence à voir double. Oui, oui. A parler double aussi.
Et à ratiociner, à radoter, à raconter à Flixounet mes rancoeurs d'homme de lettres (minuscules), mes jalousies, mes déboires et mes ambitions, et comme il ne réagit pas plus que ça à le taquiner ce qui est dangereux parce qu'il fait quand même dans les deux mètres cube.
Je commence à me risquer, j'ai traversé la ligne ténue entre le safe et l'insane.
Quand tout un coup je l'apperçois. Au fond de la queue, à travers la vitre sans teint. Il est accompagné de deux donzelles tournées façon artisanat d'art. Lui. Le. Alexandre Jourdain. Le fameux Alexandre Jourdain, le grand auteur à succés, celui qui fait de la prose (merdique) sans le vouloir, comme il respire, d'aucuns (moi) diraient : comme il défèque.
Alexandre Jourdain qui remonte la queue, plein de suffisance, habillé comme un neo-goth from the matrice itself, les deux bras posés sur les épaules de ses deux pouffes, et la ligne de coke encore légèrement dessinée sous la narine droite.
Une bouffée de haine pure qui me vibrillonne les vertèbres, comme une coulée de lave. Ca, le truc que je croyais disparu. Mon ubris, celle qui fait que je suis un descendant d'Achille, c'est sûr (4).
Je regarde Flix, et lui demande LE grand service. Au nom de notre amitié, de tout ce qu'on a vécu, du dernier concert des Toy Dolls, tout ça. Je sais qu'il est juste assez pété pour que l'histoire le fasse marrer sans qu'il risque de perdre son boulot (5). Et comme prévu il se marre. Il fait un signe au videur au moment ou Jourdain arrive a sa hauteur et celui-ci, bon cerbère, laisse passer les gonzesses et bloque le romancier plein de fatuité.
Croyant d'abord à une erreur celui-ci explique au videur en lui donnant du "mon brave" long comme mon bras, qui il est et pourquoi il doit passer. Oeil de poisson mort du videur qui bloque le passage.
Le situation commence un tantinet à s'envenimer et Jourdain commence à donner de la voix et à faire scandale, et c'est alors que j'interviens, de l'autre côté de la barrière (le bon côté) et plein de superbe, je donne une tape amicale sur l'épaule de Pôl, le videur que je connais vaguement et feint de m'appercevoir de la présence de l'écrivain qui s'égosille de rage.
"Oh, mais voyons Pôl, laisse le entrer tu ne l'avais pas reconnu ? C'est euhhh Alexandre Machin...mais si tu sais...le petit nouveau de Gallimard"

On se venge comme on peut.



(1)Je ne vais évidemment jamais en boîte sauf en boîte de jazz quand je suis en fond et que c'est du west coast (ou alors au caveau, il y a une époque où je me sentais trés "Saint-Germain des prés" qu'est ce que j'étais couillon quand j'étais jeune) parce que c'est du sirupeux qu'il me faut, ou alors, rapport au fait que Flix est mon pote, dans sa boîte quand il se sent seul.
(2) Moqueries et commentaires facilitées par le fait que c'est une soirée où se presse une majorité de Darkeux et que, anciens punks que nous sommes, c'est un réflexe chez nous que de nous moquer du manièrisme des descendants de la Cold Wave (On n'en est pas plus malins pour autant ceci dit).
(3) L'histoire est authentique elle s'est déroulée quelque part dans le fin fond des alpes valaisannes, chez un ami d'ami qui faisait le malin. L'eau de vie en question tenait plus du bocal de formol que de l'alcool à boire proprement dit. Flix a descendu la bouteille ("A lui tout seul, le saligaud") puis nous a proposé une petite partie de poker. Il a gagné faut-il le préciser.
(4) Que les Hectors de paccotille n'aillent pas me soutenir le contraire s'il en veulent pas que je les traine dans tout Pâris derrière ma vieille deuche.
(5) c'est une question d'honneur.

 

Ecrit par Taupe, le Jeudi 6 Novembre 2003, 14:44 dans la rubrique archéologie.

Commentaires :

LaMuche
08-11-03 à 18:26

Vengeance encore ...

Ces deux derniers articles sentant la vengeance ...
non ?
Alexandre Jourdain c'est le cousin de Réfine Desforges ?

 
Taupe
09-11-03 à 14:53

Re: Vengeance encore ...

Chère Muchachita, permettez ce petit panneau que j'avais oublié au début de mon blog :
Ceci est une oeuvre de fiction (1) toute ressemblance avec des personnes réelle est franchement un hasard et on n'est prié de ne pas trainer la pauv' taupe devant les tribunaux?
Hum
Alexandre Jourdain sort tout droit de mon esprit dérangé. Mais c'est vrai aussi que je n'aime pas beaucoup Alexandre Jardin. (Non ce n'est pas de la vengeance ce sont des fantasmes :-))
_______________________________________________
(1) Avec des petits bouts de réel dedans

 
X
02-12-05 à 16:50

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