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Les auteurs de fiction (3)
--> Dernier épisode de la grande saga de l'hiver

Je suis dans un cocktail plus ou moins emmerdant, plus ou moins hype, plus ou moins frime. Je suis venu pour bouffer gratis, et aussi parce qu'on m'avait invité, et enfin parce que ça m'amusait (1). Je tiens mon verre de rhum-coca d'une main et je cherche à occuper l'autre ce qui n'est plus aussi évident que ça depuis que j'ai cessé de fumer. Vieille habitude, néfaste certes, mais qui me manque intensément lorsque je suis dans des gratte-moi-l'ego de ce genre.  Évidemment, du coup, je me sens un peu comme si j'étais tout nu, et du coup, pour me rassurer, j'épingle mentalement les petits travers de tout un chacun, et quand on me cause je suis, au mieux froid comme une sorte de vamp frigide, au pire pinçant comme un sorte de vieille fille avariée. Ou comme un homard affolé, à vous de voir.

Je scrute donc la populace mondaine qui va et vient, qui s'esclaffe et se trémousse, qui glousse et se dandine, qui se pavane et s'exhibe sans trop de retenue, en m'empiffrant de petits fours et de toasts au saumon, lorsque parmi les gens présents, j'entr'aperçois le Plumitif (2) .
J'ai connu ce jeune fat pleurnichard dans l'emplois que j'occupais du temps où j'étais salarié. A l'époque il l'était aussi et travaillait comme documentaliste lorsque moi j'occupais la fonction enviée mais décriée (3) de technicien informatique. Je le trouvais sympathique, et lui aussi, sans doute, dans la mesure de ses faibles moyens d'ouverture vers l'autre. Plutôt beau physiquement, d'apparence cultivée, et très certainement doué pour l'écriture (4), j'avoue avoir ressenti le traditionnel pincement de jalousie face à un rival potentiellement plus comblé de dons que je ne le fus à ma naissance (5). Mais bon, cela ne dura pas, et durant un temps nous fûmes en passe de devenir plus ou moins amis.
Le plumitif, comme on s'en doute, écrivait également pour quelques journaux, de qualité variable mais enfin il brandissait cela comme une sorte d'épée qui l'autorisait à mieux comprendre le monde que les autres (6). Et c'est ainsi que je commençais à déceler ce qui est chez moi un pêché impardonnable, son insubmersible mépris pour ce qui n'était pas lui, et, accompagnatrice fidèle de ce genre de sentiment : sa suffisance innommable.

Bon c'est un fait : je me suis peu à peu détaché du sot, mais enfin, ce ne fut pas sans avoir développé un forte haine à son encontre, probablement née de la frustration de ne jamais lui avoir dis en face ses quatre vérités (7). De le croiser aujourd'hui dans ce poulailler me fait douter de la providence. Est-ce une bénédiction ou un funeste piège ? Dois-je me réjouir et préparer son humiliation ou laisser le cuistre barboter sans son bain d'autosatisfaction ? J'ai mis tellement longtemps à calmer ma haine, mais d'un autre côté j'ai passé tellement de temps à inventer des stratagèmes divers pour me venger de lui et apaiser cette brûlure que j'hésite.

Et c'est comme ça qu'il n'y a malheureusement pas de chute a cette courte histoire. Mais ça m'a fait du bien de la raconter.

 



(1)Erreur fatale. Je me rend compte à quel point je suis capable d'enchaîner des conneries que je regretterai illico lorsqu'est agité, comme le foulard rouge devant le taureau, le fallacieux prétexte que "ça m'amuse".
(2) Il s'agit évidemment d'un pseudonyme qui n'est pas au dixième de la hauteur de la haine que m'inspire désormais le personnage.
(3) Nous parlons là de la glorieuse époque où le technicien était un peu le shaman-docteur des âmes de l'entreprise. Aimé autant qu'il était détesté, envié et haïs, un peu comme peut l'être un plombier. Depuis j'ai arrêté, je sais bien que ce sera mal vu sur un blog mais je me suis très profondément lassé des ordinateurs -Il est possible que ce soit l'objet de la prochaine saga.
(4) Ou peut-être vais-je un peu loin, il possédait, il est vrai, un style élégant quoi que parfois un tantinet verbeux, pédant ou hermétique mais cela ne fait pas nécessairement, il est vrai, un donc pour l'écriture. C'est sans doute pourquoi, au final, Le plumitif donnait toujours cette sensation de gâchis, qu'il ressentait, du reste, lui même, puisqu'il ne cessait de répéter qu'il "n'avait pas le temps".
(5) Ce qu'on crois toujours : plus de fées ce seraient penchées sur son berceau que sur le mien, et ce genre de connerie. Finalement c'est faux. Ou pas aussi vrai qu'on en est persuadé. Et les dons, finalement c'est de la connerie. En branche même.
(6) Lors de ses rares moments d'humilité il se cantonnait à sa sphère de connaissance particulière, mais enfin il en débordait bien souvent.
(7) Et pour ceci je ne m'absous pas : c'est bien d'une lâcheté dont nous parlons. Lâcheté qui engendra donc frustration et haine. Je fus bien punis, comme vous le voyez.

Ecrit par Taupe, le Mercredi 12 Novembre 2003, 15:05 dans la rubrique archéologie.

Commentaires :

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04-09-05 à 13:05

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