Le téléphone sonne.
Je me réveille en sursaut le corps et les draps trempés de sueur - ce devait être un de ces rêves érotiques qui virent au cauchemar. Le téléphone (le fixe dont trés peu de mes proches ont le numéro) qui sonne tard dans la nuit c'est quasi-immanquablement signe de grosses emmerdes. Je décroche.
Aza, en pleurs.
"Qu'est ce qu'il y a ?"
"C'est la merde Taupe, c'est la merde j'en-peux-plus-j'en-peux-plus-je-craque."
Bon. Ca ne va pas fort pour elle en ce moment, c'est clair. Pas la peine non plus qu'elle fasse une connerie.
Quelques mots rassurants, les pleurs se tarissent un peu. Une vanne minable. Petit rires.
"Bouge pas j'arrive, je prends la caisse et d'ici une demi heure je suis a Malak'."
Je raccroche et chope un jean et un tee shirt. J'enfile mes docs sans les lacer, je récupère vite fait les clés et un blouson et je fonce au parking.
Aprés un démarrage difficile, la poubelle accepte de s'ébranler et je pars en trombe.
A cette heure-ci, dans Paris, la circulation est plutôt fluide.
Je roule, plus ou moins attentif à la route, mais la tête vide de toute pensée.
Je roule comme une amibe.
Je roule comme un organisme monocellulaire.
Je roule...tiens je suis déja à Saint-Michel. J'ai bien fait de passer par le centre d'ailleurs, le périph' m'a toujours rendu neurasthénique. Et passer le périph', pour moi, c'est un peu comme franchir la barrière immaterielle d'un monde parallèle pour un personnage de la quatrième dimmension : c'est un expérience angoissante.
A un coin de rue, pas loin d'une bar hype dans lequel un cocktail te revient quasiment au smic, je reconnais le célèbre comique-imitateur Laurent Gérard.
Laurent Gérard, putain.
Cet hystrion ridicule, ce mélange exacerbé de populisme, de mépris, de suffisance et de grossiereté...Laurent Gérard, merde ! Mon sang ne fait qu'un tour. Je hais ce mec. Je le hais profondément, faut que je trouve un truc.
Il est en train de faire le zouave, une bouteille à la main....tout seul, c'est étonnant.
Je me sens un peu comme un entomolgiste en train d'observer au microscope une variété de phasme particulièrement répugnant.
La petite sensation de pouvoir que ça te donne, de voir sans être vu !
On dirait qu'il cherche à ouvrir la porte de sa caisse.
Idée réflexe, je me gare façon cow-boy en mordant abondamment le trottoir, juste devant la grosse Benz. A c't'heure-ci les petites rues comme celle-là sont désertes.
Il s'arrête complètement destabilisé.
Je descends à toute blinde en gueulant "Police on ne bouge pas", et en brandissant le dos de mon passeport que de toute façon, dans le noir, on ne distingue pas.
Laurent Gérard, complètement tétanisé. Blanc. Paniqué.
"Alors salopard, on essayait de voler une voiture ? Heureusement que je veille au grain".
Mauvais dialogues de série ricaine, mais sur le coup je me trouve plutôt brillant. Et puis j'y met de la conviction. Et puis il est tard et mon unique spectateur est bourré. Ca aide.
Il essaye vaguement de protester. Il dit son nom. Je fais celui qui n'a pas entendu.
"bon allez hop, tes papiers, et tu te mets les mains sur le capot du véhicule, jambes écartées".
A l'américaine je vais me le faire.
Il commence à se ressaisir. Beugle qu'il est Laurent Gérard. Lau-rent Gé-rard bordel de merde ! C'est pas un flicaillon comme moi qui va l'emmerder ! Et d'abord c'est sa voiture !
Je ne me démonte pas. "Laurent qui ? Et puis je m'en fous, tu pourrais être le pape ça me ferait le même effet, surtout si c'est ta voiture. Bourré comme t'es y a de quoi faire valser ton permis longtemps mon pote !".
Gérard blémit. "Merde un incorruptible" se dit il. Il me tend ses papiers en baffouillant vaguement qu'il n'était pas au volant du véhicule de toute façon.
Je fais des bruits avec ma bouche, des "tsk, tsk", façon "tu peux causer mon connard".
Et je le regarde encore.
"Bon allez, je vais être sympa. tu peux te casser. Mais si je te revois faire une connerie, t'as plus de permis".
Je le toise façon flic de téléfilm au petit voyou. Attends le "Ca ne se reproduira plus" qui ne vient pas.
Il s'apprête à ouvrir la portière, je l'arrête.
"Et puis quoi encore. A pied ".
Dans ma caisse, en regardant le comique déchu marcher, tristement vouté sous la pluie, je me marre comme une baleine. Ca va m'faire quelque chose à raconter à Aza.
On se venge comme on peut.
Commentaires :
Ca me s'rait arrivé, un truc pareil, je sais pas si j'aurais pu... Toi, tu l'as fait !! Chapeau, Taupe !! :o)
quelques rectifications...
et Secondo, titsu c'est pas Patrice mais Patrick Sébastien
Ralala si vous interpellez les mauvaises personnes lol!
P.s: t'as bien fait pour L.Gerra lol!
On peut pas entartrer l'autre par procuration.......
C´est un usag´ bien établi
Dès qu´il s´agit d´ rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant tout´ mesure
Se ruèrent sur les guignols
Et donnèrent je vous l´assure
Un spectacle assez croquignol"
GB
Non pas l'an 01, l'autre!
Re:
Hum. Au risque une nouvelle fois de décevoir tout le monde ici : ce texte est un internetartage, une fiction si vous préférez. Moi aussi j'ai des fantasmes.
Nan je dis ça parce que quand je vais m'attaquer à Lucre Bresson je tiens pas à me manger un procés. Il parait que ça le démange.
Oui ok!
Moi mon fantasme c'est le Maire du 199 !
Bon!
C'est un peu pauvret, quand même.
Bon, je me lance, allez, je tente le procès!!!!
Re: Re:
en + c'est pas lucre bresson c'est luc besson !
T'es mon héros! comment tu fais pour réaliser mes fantasmes? ;)