Aprés tout, le trajet est devenu simple : Troquet - Appart/ Appart - Troquet/ Troquet- Appart/ Appart - Troquet...(1) jusqu'à la fin de droit qui ne devrait pas tarder compte tenu des multiples crachats ministeriels sur la populace.
Personne ne s'occupe de moi, même quand je voudrais, je suis impuissant, je pue et je t'emmerde. Au troquet quand je suis à une table y a comme un cordon sanitaire autour de moi. Je m'en fous (2).
En fait je ne pue pas vraiment parce que je me lave encore mais je sens la mouise. Mon apparence évoque l'aigre odeur des aisselles et celle, plus prenante, des chaussettes qu'on n'a pas changé depuis plus d'une semaine.
Hirsute. Débraillé. Avachi. Voûté. Cernés (les yeux). Ballants (les bras). Flasque ( l'ensemble).
Crois pas que je sois pas lucide sur moi même. Je me rend bien compte de tout ça. Du regard dégoûté des femmes et du mépris des hommes qui m'accompagnent constamment, où que j'aille et quoi que je fasse. Et même quand je suis seul (3).
Parfois aussi je joue à m'anesthésier. Trop facile. Trop de variétés. Rien qu'avec Internet et la Tévé t'as un champ quasi infini d'abrutissants à volonté. Si tu rajoutes un poil de dope et un doigt d'alcool (4) tu n'as plus un moment à toi pour goûter l'amertume de la chute.
Parce que la motivation finale, c'est ça. La chute. Je veux aller jusqu'en bas, bien m'enfouir dans la merde et voir si j'arrive à donner le coup de talon qui me permettra de remonter. J'emmerde les cyniques et les blasés, je fais ça par romantisme et pour la distinction. Je fais ça pour avoir une aura particulière.
Je fais ça pour me prouver des tas de choses.
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(1) Pas toujours le même troquet je précise. Et même si je me loquifie en ce moment, je suis exigeant sur le choix de l'endroit où je vais tuer le temps.
(2) Tu me crois ? T'as tort. Même en CDD de chute libre, j'arrive pas à totalement me foutre du regard des autres.
(3) Léandri, jadis, dans sa grande encyclopédie du dérisoire, à l'époque où je le lisais quasi-religieusement, traita de ce curieux mouvement humain qui consiste à laisser faire avec fatalisme, voire même un brin de jouissance, lorsqu'une mini-catastrophe se déroule sous nos yeux et qu'on pourrait encore l'empêcher (Vase qui tombe, bris d'assiette, chute d'une pile de 400 cd etc. Va pas me dire que ça t'est étranger je te croirai pas). Ma conscience de la chute et du regard des autres procède sans aucun doute du même état d'esprit. Du même masochisme gourmand.
(4) Pour être efficace et ne pas renier un minimum d'éthique il faut soit du trés bon ( Rhum 10 ans d'âge minimum, grands crus classés, whyski pur malt ...) soit du bas de gamme dégueulasse (vieux pape, vins de la tonnelle, valstar, 8.6, rhum et kirsch de cuisine en petits flacons ...)
Commentaires :
Re: Que je n'aime pas m'inquiéter!
Je me reconnais bien en toi, mon gamin :)
Que je n'aime pas m'inquiéter!
Tu veux finir comme le chevalier noir des Monty Python.
Tu écris ou tu parles de toi?
Quoi,Quoi! c'est pas pareil, dit-elle.